Et la lune descend sur le temple qui fut
Images (2e série, N°2) - Debussy | piano solo
Cäcilie - Vier Lieder op. 27 (N°2) - R. Strauss, poème de Hart
Air des lettres (Tatiana) Eugène Onéguine - Tchaïkovsky, livret de Pouchkine
Chant des partisans - Anna Marly, paroles de Joseph Kessel et Maurice Druon
La Vie antérieure - Duparc, poème de Baudelaire
La rose et le réséda - Auric, poème de Aragon
« O let me weep » (The plaint) - The Fairy Queen - Purcell
Air de Thérèse « Non, Monsieur mon mari »
Les Mamelles de Tirésias - Poulenc, livret de Apollinaire
Vogel als Prophet, Waldszenen op. 82 - Robert Schumann | piano solo
Air d’eurydice : « La mort m’apparaît souriante »
Orphée aux Enfers - Offenbach, livret de Crémieux et Halévy
Le Myosotis - Wiener, poème de Desnos
(…) Le pianiste :
Une chipie cette Alice… elle sait y faire !
La chanteuse :
Elle rejoint à Madagascar sa propre mère, remariée à un lieutenant de Gallieni. (Tenant les lettres)
On appelait cette installation d’Européens après la conquête de Madagascar « la pacification »… c’est habile, non, pour parler d’une opération militaire au long cours…
Le pianiste :
1912… 1918… Ta grand-mère naît bien en 18 ?
La chanteuse :
Le temps pour Alice d’arriver, de rencontrer Faustin, de flirter, de se marier, de fabriquer le petit René, puis la petite Micheline — Micheline, c’était ma grand-mère ; je l’appelais Mimine.
Juste le temps d’aimer quelque jours cette petite avant d’être emportée par un accès de fièvre pernicieuse (…)
(…) La chanteuse :
Elle était agent de liaison, Réseau Goélette, immatriculée à Londres au grade fictif de sous-lieutenant. Elle décodait les messages et faisait passer des documents, de l’information, un peu de matériel. C’était un réseau de renseignement qui recevait et envoyait beaucoup de données sensibles. En public, il fallait faire bonne impression, être discret, sur ses gardes, principalement dans les trains où il y avait de nombreux contrôles. Les agents devaient dissimuler : éviter les fouilles, ne pas avoir l’air suspect ou même simplement sortir du lot.
Le pianiste :
À leur place, est-ce que je l’aurais fait ? Je veux dire : au risque de la prison ou même de ma vie, est-ce que je l’aurais fait ? Quand passe-t-on à l’acte ? Quel est le déclic ? Toi, tu l’aurais fait ?
À quel moment n’est-il plus possible de continuer sans agir, quelles qu’en soient les conséquences ? Le contexte c’était quand même l’occupation, la surveillance, les dénonciations ! Avec la Liberté et l’Égalité, le mot Fraternité avait même disparu de la devise de l’État vichyste : « Tracas, famine, patrouille » ! (…)
textes © Jean-Noël Poggiali
SIRET : 793464801 00034 | Licences : 2-1070679 / 3-1070680
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Illustration : photo © Renaud Chaput.